Les dix ans du « Technocentre du désespoir »...

Publié le par Bernard Sady

Renault vient de publier un communiqué de presse pour les dix ans du Technocentre de Guyancourt.

Tout ce communiqué est à la gloire de Renault et des performances du Technocentre :
« L'année 2008 marque le dixième anniversaire du Technocentre Renault. Projet technologique et immobilier de grande ampleur, il a été conçu pour positionner Renault au meilleur niveau en matière de conception automobile. Il offre à ses 11 500 résidents les outils de pointe pour mener à bien leurs projets dans un cadre moderne et respectueux de l'environnement. Au total, plus de 20 véhicules y ont été conçus depuis sa création. »

Et sur les sept pages de ce communiqué pas un mot des suicides et des conditions de travail... On ne parle pas de choses qui fâchent... Même chose dans la presse et sur internet...
Pourtant, si le Technocentre a réussi à concevoir plus de 20 véhicules depuis sa création, il a aussi « montré son efficacité à produire du stress » (Enjeux - Les Echos de juin 2008).

Le rapport d'expertise CHSCT de la société Technologia sur  « L'analyse de trois suicides » et « L'étude des risque psychosociaux liés à l'organisation du travail » est pourtant sans ambiguïté.

Voici ce que dit le « Résumé général » de cette étude de 270 pages :

« L'enquête par questionnaire réalisé dans le scadre de l'expertise CHSCT a permis d'approcher, à partir du modèle de KARASEK, la charge de travail vécue. Nous avons constaté que le  pourcentage de salariés « sous tension » était particulièrement élevé. Il est de 31,20 % pour les salariés de Renault et de 30,30 % pour les salariés prestataires alors que dans la population française, ce pourcentage est de 10,30 % pour les ingénieurs et cadres.

« L'enquête qualitative nous a conduits à voir qu'une partie des salariés rendait compte de situations de surcharge de travail sur des périodes longues (plusieurs mois, voire plusieurs années). Les déclarations sur le nombre d'heures travaillées laissent également penser que de nombreux salariés sont contraints d'effectuer une quantité excessive de travail pour répondre aux prescriptions.

« En même temps, nous avons pu observer des situations de souffrance chez des salariés qui vivent une mise à l'écart ou une non reconnaissance de leurs compétences. La réalité vécue des parcours et de la mobilité laisse apparaître de l'injustice et de l'incompréhension, voire dans certains cas des mises en difficulté qui présentent des risques sur le plan de la santé mentale et physique. »

 

C'est bien de faire venir Fernando Alonso pour un show devant plus de 60 000 employés de Renault.
Ce serait encore mieux de régler les problèmes des conditions de travail et de stress dans ce qui est devenu « Le Technocentre du désespoir » pour nombre de ses salariés..

Publié dans Lean manufacturing

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