Management et cuisine...

Publié le par Bernard Sady

Hier, j'ai reçu un mail dans ma boîte pro qui m'a particulièrement interpellé. L'expéditeur était un certain Philippe Sarrazin et l'objet en était aguicheur : «  Management et gastronomie »... Deux sujets qui m'intéressent au plus haut point... Toutes affaires cessantes et intrigué, j'ouvre le mail, me demandant quand même si ce n'était pas une plaisanterie (avec un nom pareil...).

Eh bien ! Non, ce n'était pas, hélas, une blague... Mais une proposition très sérieuse de la société "Teambooster" dont Philippe Sarrazin est le PDG, pour une formation à la cohésion et à l'efficacité en équipe... grâce à la gastronomie. Et Philippe Sarrazin a la délicatesse d'ajouter « en ces temps difficiles ».


Vous ne me croyez pas ? Voici l'intégralité de ce mail (fautes d'orthographe et coquilles comprises...) :


« Bonjour,

Du plaisir, de la cohésion et de l'efficacité en équipe, en ces temps difficiles ?

Oui, c'est possible, grâce à la Gastronomie !

La démarche consiste à réunir l'équipe dans les cuisines d'un restaurant et à demander aux participants (encadrés par des professionnels) de confectioner un repas gastronomique pour qu''ils le dégustent tous ensemble par la suite.

Il s'agit ainsi de réaliser un projet commun, de produire un résultat concret et visble, et de partager ensemble la réussite.

Au-delà du moment festif et convivial, cette action apporte une expérience forte et un ancrage positif à toute l'équipe.

Cette prestation peut être utilisée pour les objectiifs suivants:

Renforcer la cohésiond'équipe

Améliorer l'efficacité et la performance collective

Travailler en mode projet

Renforcer la relation entre une équipe client et une équipe fournisseur

Travailler au sein d'uneéquipe multiculturelle

Accompagner le changement

Gérer l'imprévu

Adopter une posture créative

Mieuxservir le client

Etc.

 

Cette prestation a été délivrée dans de nombreuses entreprises et pour différents  types d'équipe.

Pour plus d'informations, vous pouvez nous contacter :

en nous adressant un mail à : teambooster@teambooster.fr

en nous téléphonant au 01.41.31.13.30

ou en m'appelant directement au 06.20.32.25.19

Vous pouvez également visiter notre site internet : www.teambooster.fr

Cordialement,

Philippe Sarrazin »

Suit l'adresse que j'ai enlevée, car sans intérêt.

S'il existait un "Awards" pour les formations décalées, je suis sûr que "Teambooster" serait sur le podium...

Car, enfin,  proposer à ses cadres une formation au management dans les cuisines d'un restaurant gastronomique et déguster ce qui a été réalisé, alors que nous sommes dans une crise économique très grave et qu'il va falloir serrer les boulons partout, montre au minimum un manque de recul et un manque de prudence. Bien sûr, c'est moins provoquant que Fortis invitant 50 personnes dans le plus grand hôtel de Monaco pour un « évènement culinaire » à 150 000 € en pleine déroute de la société... mais il y a un minimum de retenue à avoir, surtout si quelques semaines plus tard, vous devez annoncer un plan de restructuration.

Je pensais qu'avec la formation au management à base de poker, on avait atteint un niveau maximum dans les "foutaises" en management, mais là, "Teambooster" a fait au moins aussi bien.

Si j'étais en charge de programmes de formation au management, je monterais des formations sur le thème des billes et de la pétanque : là aussi, il y a de la cohésion d'équipe, de la stratégie (tu tires ou tu pointes ?), de l'efficacité, de l'imprévu... En tous cas, ce serait moins cher...

Franchement, en cette période de crise, il y a certainement mieux à proposer comme formation à ses managers que de passer une journée dans les cuisines et à la table d'un grand restaurant...

Au fait, cela coûte combien ?

 

Si au moins le management rencontré dans les cuisines des grands restaurants correspondait à ce que nous avons (ou souhaitons) dans nos entreprises...

Un article très intéressant des Echos de ce jour tombe à point nommé : « Les grands chefs, ces toqués de l'organisation ».

En fait, l'organisation et le style de management dans ces cuisines sont parfaitement adaptés au contexte de la gastronomie : « Coordination des équipes, multiplicité des enseignements (de la précision d'un geste à l'observation d'une hygiène impeccable, en passant par la façon dont on présente une assiette), gestion du temps au cordeau... Le management se fond très naturellement dans le quotidien des plus grands restaurants. Sans en avoir toujours conscience, les surdoués de la cuisine sont des chefs au sens le plus fort du terme, car ils doivent avoir les savoir-faire d'un patron de choc : gestion des approvisionnements, des hommes, des risques, du stress et parfois même des crises.

« Le plus gros danger en cuisine ? Ne pas préciser clairement les objectifs. C'est pourquoi l'organisation y est très hiérarchisée et presque militaire. Celle de Philippe Gauvreau, à La Rotonde de Lyon, comprend 16 personnes et respecte la hiérarchie traditionnelle avec cinq chefs de partie (entrées froides, viandes, légumes, poissons et pâtisseries) assistés de demi-chefs et de commis. Le chef, qui règne sur ce restaurant gastronomique doublement étoilé, est quotidiennement présent pour discuter des nouveaux plats et des suggestions avec Fabrice, trente-deux ans, son second en charge du management opérationnel. « Le chef transmet des ordres précis, auxquels un «Oui, chef !» en réponse vaut accusé de réception », explique Yannick Alléno. Mais, avant de parvenir à réaliser ce qu'il souhaite, la brigade doit s'adonner à tout un travail répétitif de gestes précis et synchronisés et tout un apprentissage de l'art de maîtriser le triptyque chaud-froid-assaisonnement. « Il faut apprendre aux équipes à respecter les étapes, leur inculquer une sensibilité et surtout le sens du détail (comment couper un oignon, par exemple) avant toute finition », explique Yannick Alléno. « Et c'est vrai qu'il m'arrive quelquefois de me montrer très dur, au sens exigeant du terme », reconnaît-il. Car l'objectif ultime et des plus difficiles porte différents noms : qualité, bonheur, satisfaction du client, etc. « Chacun a des fonctions bien déterminées. Mais, je suis beaucoup sur leur dos », explique Nicolas Le Bec, sans doute le plus médiatique des jeunes chefs lyonnais, qui gère une brigade de douze collaborateurs dans son vaisseau amiral doublement étoilé. »

 

Je ne critique pas et j'ai de bons amis cuisiniers. C'est un contexte très particulier, et on est plus dans l'art que dans l'industrie...
Mais il faut reconnaître qu'on est loin de l'entreprise collaborative et participative où chacun est autonome et peut se fixer ses propres objectifs...

Finalement, la pétanque ou les billes, c'est beaucoup plus proche de "l'entreprise du troisième type"...

Publié dans Faits et foutaises

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article