Comment manager en cette période de crise...

Publié le par Bernard Sady

En cette période de crise, il y a assez peu d'articles donnant des conseils pertinents pour manœuvrer au sein de cette tempête.


Manager quand tout va bien est relativement simple. Mais c'est lorsque que les difficultés surviennent que les vrais leaders se révèlent. C'est en période de crise qu'on voit les vrais patrons. Quand tout va bien, n'importe qui (ou presque) peut être chef d'entreprise. On l'a vu lors des "Trente Glorieuses" où il suffisait d'un peu de culot pour monter une entreprise et faire fortune. Mais après les chocs pétroliers des années 70, seuls sont restés ceux qui étaient des vrais patrons.


Le même phénomène va se reproduire lors de cette crise. D'abord, parce qu'elle va être longue. Et qu'ensuite, elle va être très sévère.



Un premier article des Echos du 03/11/08 (« Quand la crise fait émerger des leaders ») l'expliquait parfaitement : « "En ces périodes clefs, le leader s'expose, paie de sa personne et sait tirer partie de qualités bien plus personnelles que techniques", explique Laurent Buratti. Autant de caractéristiques qui le séparent du simple manager. Le leader sait donner le ton, délivrer un message mobilisateur, rendre crédible un projet ou bien une ambition. Pas nécessairement le manager. La raison ? Le leader est avant toute chose porté par une sécurité personnelle, qui lui permet d'affronter les turbulences et les pertes de repères. Parce qu'il se sait suffisamment compétent pour ne pas se croire obligé de le prouver à tout bout de champ, il est aussi capable d'instaurer un climat de sérénité quand tout le monde a peur (y compris lui). »

 


Ceci étant posé, venons-en au cœur du problème : comment manager en période de crise ?

Un premier article de Florence Rollot ("Chefs d'entreprises : attention au syndrome « victime de la crise »")  sur le site lignedecredit.com avertit les chefs d'entreprise de ne pas tomber dans le syndrome de la "victimite".

 

Florence Collot explique que « le chef d'entreprise est un battant. » Mais « se battre demande beaucoup d'énergie et génère de la fatigue, comme une envie de baisser les bras. Et la crise, finalement peut offrir un excellent prétexte à baisser les bras. Ce n'est plus nous, le responsable, c'est la crise. Qui pourra venir me dire que j'ai failli ? C'est la crise... regardez, les banques, les grandes entreprises, le monde s'écroule ! - et vous voudriez que ma petite entreprise résiste ? Mais c'est la crise .... Je suis victime de la crise... Enfin ! »

Et elle donne toute une série de critères permettant de détecter si on est atteint du syndrome de "victimite" :

  • - «Vous êtes en permanence stressé (e ) - anxieux (se ).
  • - «Vous vous plaignez souvent que "vous n'êtes pas en forme".
  • - « Vous avez tendance à faire beaucoup de commentaires sur : "tout ce qui ne fonctionne pas en ce bas monde".
  • - « Vous vous plaignez beaucoup de votre entourage.
  • - « C'est un peu toujours "la faute des autres".
  • - «Vous pensez que : "les autres sont là pour vous avoir".
  • - «Vous estimez souvent que vous avez raison et que tous les autres ont tort - en quelque sorte vous êtes un génie méconnu.
  • - «Vous êtes trop gentil (le).
  • - « Tout repose sur vous - les autres ne sont pas capables.
  • - « Les gens sont des ingrats.
  • - « Mais pourquoi ça m'arrive à moi ?
  • - « Vous ruminez des vengeances.
  • - « Plus de 50% de vos pensées sont des pensées négatives.»

Cependant, il ne faut pas s'affoler au moindre signe : « autant il est sain et normal de se plaindre, d'être en colère ou d'être triste quand une situation arrive qui va compliquer notre vie où qui va mettre en péril ce que nous avons acquis... Autant, si ce comportement devient récurrent, il indique que vous basculez du mauvais coté : celui de l'impuissance. »


Que faire ? « Les chefs d'entreprises sont des aventuriers
, on le sait. Qui dit aventures, dit imprévus, inattendus et parfois même danger et chaos. C'est dans ces moments là qu'il faut prendre du recul, beaucoup de recul et observer attentivement et s'interroger. [...] Cela ne veut pas dire que cela sera facile, cela ne veut pas dire non plus et forcément que vous passerez ce cap, mais vous le franchirez plus sûrement avec ce genre d'état d'esprit, d'attitudes et de comportements pro-actifs et responsables qu'en vous joignant aux cœurs des plaintes et victimes qui ne vont pas manquer de se s'amplifier au fil des semaines... et qui, eux, déboucheront sur quoi ? »



C'est le même message en plus volontariste que veut faire passer Nelly Soussan-Sayagh dans LEntreprise.com ("La crise est à la mode... Faire face et rebondir").


Nelly Soussan-Sayagh explique : « La crise est là, financière, économique, bientôt sociale. Le monde s'écroule autour de vous. Plutôt que de céder à la panique en cherchant les coupables et le pourquoi du comment, tournez-vous vers l'avenir. Développez les aptitudes nécessaires pour sortir gagnant de cette situation. Pour un chef d'entreprise, la crise peut être une formidable occasion de rebondir à condition de savoir faire face. Voici cinq clés pour traverser avec succès cette période pour le moins chahutée. »


Et elle donne cinq conseils :


« D'abord, faire preuve d'optimisme. Des études montrent que ceux qui croient à la lumière au bout du tunnel sont plus résilients et performants que la moyenne. » Oui, mais attention à "l'optimisme béat" qui en arrive à nier les difficultés et favorise la fuite en avant... Je préfère le réalisme.


« Ensuite, vivre la crise comme une mue aux multiples opportunités. Pour cela, il faut accepter d'être dérouté, de quitter le confort d'un avant désormais révolu. Mettez votre chapeau d'Indiana Jones et explorez avec enthousiasme de nouveaux territoires riches en opportunités. »

Ici, notre auteur donne l'exemple d'un « patron de PME qui, tout en admettant l'impact frontal de la crise sur son entreprise, confie à ses équipes : "Nous avons assez de cash pour résister pendant dix-huit mois. D'ici là, de nombreux concurrents vont sombrer. Nous pourrons alors les racheter pour rien." » Ce qui veut bien dire que la condition première pour profiter des opportunités de la crise, mais surtout pour la passer, c'est qu'il faut avoir du cash. Il est regrettable que la plupart des articles ne parlent que des entreprises qui ont du cash... Les autres sont donc condamnées ? 

Elle ajoute : « saisir les opportunités implique aussi d'être prêt à faire évoluer ses pratiques. »


« Troisième piste : faire preuve d'imagination, être créatif. "To think out of the box", disent nos amis anglo-saxons. La crise est par essence une situation évolutive inédite. Il est donc déterminant d'inventer de nouvelles solutions, en s'extrayant du passé. »

L'exemple qu'elle donne pour illustrer ce point est excellent : « le film Apollo 13, de Ron Howard. Le directeur de mission dit à l'équipe de crise : "Peu importe pourquoi ce moteur a été conçu. C'est ce qu'il peut faire dans la situation présente qui compte." A méditer... » Ce qui veut dire que jamais, rien n'est définitivement perdu, même si on n'a plus de cash... Mais ce sera beaucoup plus difficile.

« Autre clé de succès : l'intelligence émotionnelle. » Pour l'intelligence émotionnelle, je vous renvoie au billet que j'ai écrit sur le libre d'Alexandre Adjiman "Quand je serai grand(e), je ferai... - 3ème partie : Un pratique de l'évolution". En fait, il s'agit du contrôle des émotions.

« Enfin, apprenez à clarifier vos objectifs stratégiques, à identifier les 20% de moyens qui feront 80% de résultat, à classer vos priorités. Le réflexe de précipitation étant souvent contre-productif et l'anxiété dimminuant la lucidité, il faut parfois savoir ralentir... pour mieux avancer. » C'est le même conseil que donnait Florence Collot : « Il faut prendre du recul, beaucoup de recul ».

 


Enfin, un dossier dans "L'Entreprise" de ce mois « Manager en temps de crise », donne des conseils complémentaires et pleins de bon sens. Je le commenterai dans un prochain billet.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article