Management et Opéra...

Publié le par Bernard Sady

Les Echos du 24 octobre 2008 nous font découvrir une manière originale de « réfléchir à des situations professionnelles complexes en étudiant le comportement de Figaro, de Titus, d'Orphée... »

 

Réservé au "top management", ces formations permettent de « vivre en musique, le temps d'un séminaire, le parcours d'un héros confronté à des épreuves fondamentales, interroger le sens de ces épreuves, en tirer un enseignement, éclairer les enjeux d'une situation. »

Ce sont « Stéphane Longeot, philosophe et musicologue », et « Maria Diaz, juriste en droit du travail et en gestion des ressources humaines », qui « ont développé Mythe et Opéra pour faire travailler les managers sur des archétypes pertinents par rapport aux problématiques de « team building » ou de développement personnel qu'ils rencontrent, afin de stimuler intelligence des situations et créativité ».


Quel est l'intérêt d'étudier des opéras lors de séances de formation en management ?

« Au contact des récits fondateurs, confrontant sa perception à celle des autres, chaque personne est invitée à construire une pensée renouvelée, à élaborer et à défendre des solutions innovantes : Orphée est l'artiste qui a su charmer les enfers, Othello la force d'âme emportée par la jalousie, Ulysse l'homme qui, après des années d'errance, finit par retourner dans sa patrie, Figaro est le barbier toujours à la hauteur de la situation... »


Pratiquement, comment cela se passe t-il ?

« Le séminaire propose aux participants de prendre connaissance d'un mythe, de découvrir les épreuves que le héros affronte via l'écoute d'extraits d'opéra, le décryptage des voix de la trahison, du deuil, de l'errance, de l'aliénation... Puis de réfléchir à la manière dont ce héros les dépasse (Titus accorde sa clémence, Ulysse massacre les prétendants, Moïse sort les Hébreux d'Egypte...), de cerner les enjeux de la problématique abordée (autorité, créativité, reconnaissance, leadership, pardon...), de prendre position, de suggérer des solutions et de faire le lien avec les situations professionnelles vécues. Chaque étape fait l'objet d'une réflexion de groupe, d'un partage d'analyses, d'une synthèse des points de vue. La soirée se terminant par la découverte ludique du chef-d'oeuvre d'art lyrique qui aura été préalablement étudié. »


Et cela coûte combien ? « 15.000 à 20.000 euros pour 12 à 15 personnes... »!!!...


Quelles entreprises se sont laissées séduire par Mythe et Opéra ? « La Poste, EDF, Total... »


Un exemple : « Madeleine Ferland, responsable de la communauté de 350 à 380 managers et top-managers du groupe La Poste, a fait appel à ce cabinet à l'occasion d'un séminaire intitulé « Prise de décision, incertitude et complexité » autour du « Barbier de Séville ». « Cela a permis de stimuler nos cadres aux responsabilités lourdes par le biais d'un détour culturel, mieux adapté aux managers qu'une confrontation frontale, de remettre en question les pratiques à travers le plaisir et l'intellect. On s'inscrit davantage dans la réflexion quand le plaisir est sollicité », explique-t-elle. »


Les livrets des opéras ne passent pas pour être des œuvres littéraires particulièrement brillantes... Partir des opéras pour réfléchir à des « situations professionnelles complexes » pourrait donc sembler une gageure. Mais dans la mesure où ces opéras reprennent les grands mythes de l'antiquité, ça peut être une manière originale d'aborder  les grandes questions que se posent les humains depuis plusieurs millénaires... et que continuent à se poser les managers.


La conclusion de l'article est laissée à « Stéphane Longeot : "Quand l'action se situe à Rome ou en Grèce, les managers n'hésitent pas à dire beaucoup de choses sur le leadership sans s'autocensurer ! Ils prennent leur distance par rapport au réel, vivent une expérience en dehors de la pression du quotidien, tout en planchant sur des problématiques universelles." »


C'est une mode d'essayer de faire des formations en management à partir de points de vue originaux. Il y a effectivement beaucoup de manières de renouveler ces formations en management. Et il faut avouer qu'après plusieurs séances sur l'Analyse Transactionnelle, Maslow ou Herzberg, cela est certainement intéressant d'aborder le management par un angle d'attaque complètement différent et dépaysant.

Donc, pourquoi pas ce type de formation ? Mais on comprend que ce soit réservé à des personnes ayant déjà eu de nombreuses formations "classiques" au management. Pour des managers "juniors", cela ne présente aucun intérêt. Il est nécessaire au préalable d'avoir une bonne expérience en management des hommes éclairé par plusieurs stages "classiques".

En tous cas, c'est certainement supérieur à une formation construite sur le poker...

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