Petit Chef ou Vrai Patron ? (1)

Publié le par Bernard Sady

Petit chef ou vrai patronC’est le titre du dernier livre de Robert Sutton traduit en français. Il vient de paraître aux éditions Vuibert.

 

Le sous-titre montre dans quel esprit il est écrit : « Comment les sales cons vont vous aider à devenir un bon chef »… Tout un programme.

 

Ce livre se veut en effet en continuité avec le célèbre livre du même Sutton « Objectif Zéro-Sale-Con » : « les sales cons qui sévissent dans les entreprises m’ont incité à écrire Petit chef ou vrai patron ? parce que j’étais inondé de messages de gens qui aspiraient à devenir de vrais patrons ou à travailler sous leurs ordres ». 

 

Je suis en train de le lire ou plutôt de le dévorer et ne peux que le conseiller à tout manager qui se respecte. Il devrait être offert à l’issue de toute séance de formation au management et devrait être remis à toute personne amenée à encadrer d’autres personnes.

 

Tout comme « Objectif Zéro-Sale-Con » ce livre restera certainement un des best-sellers parmi tous les livres de management.

 

Il est tout aussi percutant et agréable à lire qu’« Objectif Zéro-Sale-Con », et aussi profond dans la réflexion que « Faits et foutaises dans le management » de Robert Sutton associé à Jeffrey Pfeffer.

 

Je vais donc vous en donner l’essentiel et j’espère, surtout vous donner l’envie de le lire.

 

Entrons dans le vif du sujet.

 

D’abord, ce livre n’est pas « une recette pour élaborer la stratégie d’une grande entreprise ou diriger des centaines ou des milliers de salariés. » Non il est fait pour le terrain et le contact quotidien : « votre réussite dépend de votre relation avec ceux qui sont vos plus proches collaborateurs. »

 

Dans l’introduction, Robert Sutton explique comment il est passé des sales cons aux petits chefs : « Alors que je réfléchissais à toutes ces histoires et à ces conversations, que je lisais des études sur le sujet, j’ai compris que le “sale con” n’était pas un problème isolé pour la plupart des salariés et des entreprises. Il était associé à des sentiments, des opinions et des aspirations qui tournaient autour d’un personnage central : le chef. »

 Ce terme de chef est volontairement choisi plutôt que patron ou responsable, car « il implique une figure d’autorité qui a un contact direct et fréquent avec des subordonnés et qui est personnellement chargé de diriger et d’évaluer leur travail. »

C’est une très bonne définition du terme “chef ”, surtout si on lui ajoute le complément suivant : « Etre un chef ou avoir un chef, c’est gérer la confiance, le bien-être, l’amertume, la confusion et les moments de colère et de découragement qui régissent toute relation dans laquelle un individu exerce un pouvoir sur un autre de manière étroite et directe. »

 

C’est la première leçon à tirer de cet ouvrage : Robert Sutton est loin de dénigrer tout ce qui ressemblerait de près ou de loin à l’autorité. Au contraire, il renforce et en quelque sorte, réhabilite cette notion : « la plupart des gens ne veulent pas être (ou avoir) des chefs médiocres. Ils sont comme ce professeur qui me racontait son évasion réussie d’un milieu de sales cons ; ils cherchent des patrons exceptionnels – pas seulement moyens. » Et « lorsque les gens cherchent un vrai patron (en rêvent ?), ils attendent quelqu’un de civilisé et qui ne se contente pas de bien gérer ses collaborateurs directs. »

Quel bel hommage aux vrais chefs !

 

Ce livre ne traitera donc pas uniquement des “petits chefs”. Même si « les chefs étaient au cœur de la plupart des histoires au sujet des pauvres types qui torpillaient la performance et minaient le moral de leurs collaborateurs. » Et même si « l’omniprésence des sales cons parmi les chefs est confirmée par des études sérieuses ».

Non, ce livre « parle de ce que font les vrais patrons, pas seulement les petits chefs ordinaires ou peu compétents. ». Et il « met en lumière les différences entre les vrais patrons et les petits chefs dans des tâches essentielles comme l’animation d’une équipe, la prise d’une décision puis son exécution, la gestion des crises ». Car « les nuances et les effets d’une action appropriée sont d’autant plus évidents lorsqu’ils sont placés en face de ce qu’il ne faut pas faire. »

 

Un conseil fort sage au passage (mais le livre en est bourré…) : « Si vous êtes un chef, vous pouvez vous épargner beaucoup d’ennuis en observant les erreurs et les difficultés de vos collègues. Comme le disait avec humour l’ancienne première dame des Etats-Unis, Eleanor Roosevelt : « Tirez les leçons des erreurs des autres. Vous ne pourrez pas vivre suffisamment longtemps pour les commettre toutes vous-même. » A méditer…

 

Mais à la fin de cette introduction, Sutton nous ramène aux dures réalités : « Si vous aspirez à devenir un chef compétent et respectueux, lire ce livre ou n’importe quel autre sur le même sujet ne suffira pas. L’excellence dans ce domaine ne peut être atteinte que par un effort continu, une attention constante aux petites choses, en se remettant en selle après chaque coup dur et en aidant vos subordonnés à faire toujours mieux. Les meilleurs chefs ne sont pas des Zorro qui  sauvent in extremis la situation par un coup de génie, saluent la foule puis vont se reposer sur leurs lauriers. La victoire définitive n’existe pas. » Et il nous prévient : « La principale récompense de la réussite est généralement de continuer à trimer comme un galérien pendant un peu plus longtemps. » Exagéré ? Pas tant que ça et en tous cas, cela va à l’encontre des « inepties proférées par beaucoup de gourous du management », car « il n’y a pas de recette miracle, de potion magique ou de martingale infaillible pour devenir un vrai patron. […] Les meilleurs chefs sont ce qu’ils sont parce qu’ils mettent la même rigueur à traiter les affaires intéressantes, amusantes, gratifiantes que les tâches ennuyeuses, triviales, frustrantes, voire ridicules. […] Consacrer inlassablement toute son attention à bien faire une chose après l’autre – aussi banale soit-elle – est la seule manière, à ma connaissance, de devenir et de rester un chef apprécié et respecté. »

 

J’en ai fini avec la préface, mais contrairement à nombreux ouvrages, celle-ci est très dense et mérite à elle seule d’y revenir souvent : les leçons sont nombreuses et très riches.

 

Je vous rassure, les autres parties seront plus rapides à commenter (du moins j’espère…).

 

La première partie de l’ouvrage (un seul chapitre) permet de planter le décor et de présenter les « cinq principes » que « les meilleurs chefs adoptent » et « qui sont les pierres angulaires d’une action efficace ».

 

La deuxième partie est consacrée en sept chapitres à préciser les « petites étapes » à franchir pour devenir un « vrai patron ».

 

Enfin, la dernière partie en un seul chapitre est un retour sur chacun d’entre nous : « Tout tourne autour de vous ».

 

A suivre.

Publié dans Relations humaines

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