Les entreprises face à la crise...

Publié le par Bernard Sady

Mon dernier billet portant sur la crise financière date d'un mois environ. Depuis, la situation n'a pas vraiment changé. Ce ne sont que des mauvaises nouvelles qui nous viennent du front de cette crise économico financière : plans de licenciements, augmentation du chômage, crise du crédit, baisse de la consommation avec des conséquences dramatiques dans le secteur automobile et récemment le scandale Madoff. Rien n'y fait, ni baisse des taux, ni plans de relance.

Un article d'Eric Le Boucher dans les Echos du 19 décembre 2008 qui a pour titre « La trouille », est un bon résumé de l'attitude des entreprises face à la crise.

Eric le Boucher compare la situation actuelle à un avant typhon : « On ferme tout, on calfeutre, on cloue des planches sur les entrées et les fenêtres, on se prépare à une année 2009 terrible. Surtout au premier semestre. » Et en pratique : « Dans l'immédiat, partout, les projets de rachat sont différés, les investissements annulés, les budgets ont été révisés depuis deux mois et ils ressortent amputés de 15 %-20 %. La date du 2 janvier est appréhendée comme celle de début du désastre. Jusque-là, on vit sur les crédits 2008, on fait comme si. Et puis il y a Noël, dernière bouteille de champagne... Ensuite, on rentre la tête dans les épaules, on s'assied sur le cash et on ne bouge plus ! »


Ce qui est impressionnant, c'est la rapidité avec laquelle la situation a évolué. « Avant l'été, les grandes entreprises françaises étaient encore sereines. » Mais « le pire est arrivé ensuite, après la faillite de Lehman Brothers, erreur funeste, véritable déclenchement de la débâcle. Depuis, le CAC 40 s'est effondré autour de 3.000 points ».


Mais les entreprises sont surtout obnubilées par le cash : « Ne rien sortir des caisses ! Pas 1 euro ! La consigne est générale. Les banques affirment prêter et, la main sur le coeur, regardant Nicolas Sarkozy droit dans les yeux, elles livrent des statistiques qui "démontrent" qu'elles financent l'économie encore mieux qu'au printemps. Vrai faux ? Pour les entreprises, y compris les plus grandes, c'est faux. Les banques gardent leurs liquidités, les déposent gentiment le soir à la Banque centrale européenne (elles rapportent des intérêts la nuit) et en réempruntent le plus possible, dès le lendemain matin aux aurores. Mais si un groupe industriel se présente, il doit payer très cher. Et certains, ceux des secteurs malades ou susceptibles de l'être, ne trouvent tout simplement pas de nouveaux crédits. »


Et Eric Le Boucher affirme que : « La conjoncture justifie la trouille. La crise immobilière américaine, à l'origine de tout, n'est pas terminée, les prix des maisons continuent de s'effriter et vont continuer à le faire jusqu'en 2010, dit-on. La crise financière n'est toujours pas réglée, loin de là. Malgré les mesures historiques et in-orthodoxes prises par les banques centrales du monde entier, les baisses des taux (à zéro aux Etats-Unis !) et la reprise d'actifs de toutes catégories, y compris ceux de bien médiocre qualité, les marchés financiers n'ont pas retrouvé un fonctionnement normal. Les banques semblent avoir encore des tonnes de produits toxiques dans leurs comptes et la suspicion demeure la règle entre elles. Et ce n'est pas le scandale Madoff qui va rétablir la confiance. »


Quant à l'économie "réelle", elle « s'enfonce de mois en mois. La récession est là en Amérique comme en Europe et au Japon. Le gouvernement allemand, réaliste, n'exclut pas un recul du PIB de 3 % en 2009. L'Asie est beaucoup plus affectée qu'on n'avait pu l'espérer. Last but not least, une crise des changes semble désormais s'ajouter au tableau. La Chine joue à nouveau de l'arme monétaire. La livre ne vaut plus que 1 euro. Le dollar est plus que jamais sur la sellette. »


Et la conclusion d'Eric Le Boucher : « La réaction des grandes entreprises est donc compréhensible. Le malheur est que toutes vont tout arrêter ensemble le 2 janvier. Comme disent les économistes, la crise est un processus autoréalisateur. Si tout le monde croit à la crise et cesse toute dépense, alors tout s'arrête en effet ! Dans ce contexte de trouille, le plan de relance français, déjà rikiki, ne pourra servir à rien de concret qu'à se démolir encore un peu plus le moral. »



Article pessimiste diront certains. Il est surtout réaliste.  La crise va être réellement terrible. La plus grande prudence s'impose, même s'il faut "raison garder".

Publié dans Economie

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B
je progresse sans sesse, je te dépasse
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